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Sustainability & Fashion - Interview - Emma Leonet

Portraits

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01/06/2020


Bonjour Emma, 

Nous sommes très heureux  d'échanger avec vous sur l'avenir du développement durable au sein des industries créatives et  de nos environnements "Mode".

Vous êtes responsable de la Filière Textile de La Croix Rouge depuis 4 ans  déjà. Votre regard sur le sujet est lié autant à votre analyse des phénomènes en cours qu' à la mise en oeuvre de vos convictions avec  La Croix Rouge. Nous sommes ravis de comprendre avec vous comment cet engagement résonne avec l'actualité.

Cette interview intervient à la suite de celle de Stéphane Piot pour Pando Fashion et s'incrit dans le cycle d'interviews initiées par le Pôle Sustainability & Fashion de l'IFM Alumni auprès des alumni les plus engagés en terme de RSE.  Nous sommes heureux de réunir dans ce cadre la diversité des expériences et des expertises des alumni du groupe.


1 Emma, nous en avons parlé en préambule, l’avenir de nos sociétés semble très lié à notre capacité à prendre en compte avec de plus en plus de justesse l’impact de nos activités sur nos environnements naturels et humains. On observe une grande transversalité des pratiques en faveur du développement durable et de la RSE au sein des entreprises de Mode, Beauté et Luxe. Pour vous comment les choses se sont-elles passées? Comment avez-vous commencé à vous intéresser au développement durable, et à votre responsabilité sociétale et environnementale ? 


Dans le cadre du MBA que je suivais à l'IFM en 2013-2014, j'ai été interpelée par le militantisme écologique de certains créateurs. A l'époque, les convictions d'opérer différemment frémissaient et quelques personnalités portaient leur étendard sans un ralliement fort autour d'une prise de parole commune. La mode dite responsable était classée dans la catégorie alternative et loin d'être portée par le milieu de la Mode. J'ai senti qu'il y avait là plus qu'une tendance, un mouvement de fond qui illustraient la perte de sens dans la supply chain de la mode. 


2 Comment avez-vous coordonné vos priorités RSE avec vos pratiques et habitudes professionnelles ?


En charge du développement de l'activité textile à la CR, ma réflexion est justement orientée sur les propositions qu'une association peut faire pour embarquer les marques vers une démarche sociétale et environnementale. Tout l'enjeu pour une association qui place l'humain au coeur de ses valeurs, est de faire prendre conscience aux entrepreneurs de l'impact de leur activité et de créer des synergies qui produisent du sens.

3 Cette période de confinement a été pour beaucoup une période d’introspection. Quelles activités/habitudes pensez-vous changer et/ou poursuivre suite à la crise sanitaire ?


Si les retombées financières s'annoncent catastrophiques, c'est néanmoins une formidable opportunité pour déplacer les curseurs, transformer les pratiques, produire du sens. 

Retrouver le temps de créer me parait primordial parce qu'on a perdu l'idée de la temporalité qui permet de  poser les bases de toute réflexion et création. J'ai envie pour ma part de (re)poser la question du cycle de vie d'un produit. Un écosystème est à repenser, c'est le challenge de demain !

Depuis quelques années, je consomme en privilégiant des marques responsables. Sur mes habitudes d'achat, la crise n'a qu'un effet révélateur, mes choix privilégient la circularité et le local. Les contraintes d'un achat raisonné procurent paradoxalement une certaine satisfaction, une certaine fierté et renforcent aussi l'envie de création pour m'offrir quelque chose d'unique et particulier. 

4 Dans le cadre de l’IFM, quels liens avec les alumni impliqués en faveur du développement durable voudriez-vous développer ? 


Eveiller une prise de conscience auprès des étudiants et des alumni est très important à mes yeux. Il faut changer les pratiques. Cela ne veut pas dire faire moins, créer moins, produire  moins mais plutôt de faire différemment et mieux : mieux produire, mieux recycler...

Les jeunes générations pourraient et devraient intégrer les démarches circulaires et sociétales comme des enjeux essentiels et non plus comme une simple valeur ajoutée.

Il serait intéressant de créer des interactions avec des associations humanitaires, telles que la Croix-Rouge qui pourraient servir de fournisseurs, laboratoires, de lieux d'exposition et de sensibilisation. 


Mon utopie serait que tout le monde travaille pour développer le bien commun et non plus pour le détruire.


Olivia Chammas

Founder The Big Blue Project

www.thebigblueproject.com

Consultante at getreal.earth



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