L’IFM attaque ! 4 Alumni à la 37e édition du Festival de Hyères
Antonia Schreiter, Alix Habran Jensen, Axel Aurejac et Joshua Cannone, tous les quatre diplômés de l’Institut Français de la Mode, sont en lice pour le 37e Festival de Hyères – le premier Prix historiquement destiné à la jeune création internationale de mode. L’Allemande Antonia et le Franco-Danois Alix pour le concours Mode, les Français Axel pour le concours de la Photographie et Joshua pour le concours Accessoires, s’apprêtent à vivre leur première expérience du Festival du 13 au 17 octobre. Présentation de 4 Alumni prêts à en découdre.
ref : 4 IFM Students& Alumni
L’épingle du JE
Pour ces quatre passionnés de création, le Festival est l’occasion de montrer à des jurys prestigieux qui ils sont. Antonia, Alix, Axel et Joshua vont ainsi présenter leur travail à Glenn Martens, président du jury mode, à Pierre Debusschere, président du jury de la photographie, à Aska Yamashita, présidente du jury accessoires de mode et à d’autres grands noms de la mode. Tous se disent impatients de les rencontrer et surtout de créer le plus de connexions possibles. Ce Festival, Antonia (IFM/MA Knitwear Design 2021), actuellement designer chez Louis Vuitton, en rêvait depuis longtemps « c’est à la fois très excitant mais aussi très intimidant ! » Après des passages chez Mugler et Paco Rabanne notamment, Alix Habran Jensen (IFM/MA Fashion Design 2018) pourra présenter sa première collection « en adéquation avec ses valeurs ». Faisant désormais cavalier seul, Alix vient chercher une certaine « validation » de la part des professionnels de l’industrie. Pour Axel Aurejac (IFM/Management 2019), postuler au Festival était une évidence dans la mesure où celui-ci « laisse relativement carte blanche aux artistes. » Rencontrer des gens de la mode oui, mais aussi et plus largement du milieu culturel « des gens qui n’ont pas la même vision que moi, pouvoir leur parler de mon intention à travers mes photos. C’est une grande chance de pouvoir exposer à la Villa Noailles ». Voilà ce qui compte pour Axel. Joshua Cannone (IFM/MA Accessory Design 2022) a candidaté sur les conseils de Leyla Neri, Head of Master of Arts in Fashion Design à l’IFM. Sa collection finale de sacs aura demandé presqu’un an et demi de travail : « je suis heureux qu’ils puissent enfin être exposés et qu’ils reçoivent l’attention que, j’espère, ils méritent. »
Attention : talents !
De l’attention, des compliments, des critiques, des applaudissements nous leur en souhaitons.
3 robes, 5 jupes, 9 tops, 1 veste tailleur : la collection « Les Iris » d’Alix, nom qui rappelle les fleurs du célèbre tableau de Van Gogh imprimées sur une cravate chinée, est enrichie de bijoux, de foulards et même de chaussures en plastique recyclé créées avec le studio bruxellois Minimètre. « Je suis fier de cette collection. Je n’ai pas utilisé de nouveaux tissus, tout est issu de l’upcycling. La sustainability, c’est le seul terme que je voudrais voir perdurer dans tout ce que je fais. » Ici détournée, la cravate interroge la relation entre la féminité et le pouvoir. La volonté d'Alix est de déconstruire certains archétypes liés à la féminité, qu’il s’agisse des motifs floraux ou des vêtements, a été inspirée par des artistes comme Georgia O’Keefe ou Suzanne Santoro.
15 photos : Axel a choisi de présenter une sélection d’images de gens de dos. Prises au cours de ses différents voyages au Ghana, au Togo ou encore en Jordanie, elles laissent place à l’imagination du public. Derrière chaque nuque ou courbe d’épaule se dessinent un paysage et un contexte social questionnant sa place de photographe. « Quand j’ai commencé à faire des photos de mode, j’ai utilisé les cadrages dont je me servais pour faire de la photo documentaire. » Nikon FM2, Contax 645 et quelques images en numérique, Axel passe d’un appareil à un autre, d’un projet de mode à Paris à un projet de voyage, refusant toute étiquette et préférant développer un univers global de photographe et de directeur artistique. « Dans mes photos, je cherche ce focus sur la couleur et les matières. Je n’aime pas les photos chiadées, je préfère la simplicité et la sincérité plutôt que l’opulence ou un côté trop travaillé. C’est ce que je voudrais transmettre à travers mes photos. »
7 sacs : la collection unisexe de Joshua est le résultat de son parcours en design industriel et de son année à l’IFM. Intitulée « Static », cette collection joue sur le sens caché. En argot américain, explique ce jeune designer qui a passé la moitié de sa vie à New York, « static » peut signifier également « être en conflit ou avoir une dent contre quelqu’un. » Essentiellement en cuir, ses sacs troublent et interrogent notamment par leur forme comme le « dummy bag » dont la vague apparence humaine est inspirée des sacs utilisés dans les sports de combat. Ou encore le « rat bottle » qui, décliné dans des couleurs de dragibus Haribo, est plus sympathique que tous les rats new-yorkais ou parisiens réunis. Quant au « body bag », clin d’œil ironique au sac mortuaire, il symbolise la facilité de Joshua à esthétiser les peurs « Soit les gens adorent, soit ils sont très intrigués. La réaction que j’entends le plus souvent est « mais qu’est-ce que c’est ? » »
8 looks : spécialisée en maille, Antonia présente une collection unisexe baptisée « You can come as you are. » Dans ses silhouettes expressives, elle invite chacun à s’approprier une pièce : une casquette, un pull, une jupe…et surtout à jouer avec les couleurs, une part cruciale de son art. « Je peins et je dessine beaucoup. J’essaye de recréer ces peintures dans mon travail avec les fils et avec les chutes qui me restent. Je peins aussi la maille pour faire apparaître la transition entre les couleurs, un peu comme avec l’aquarelle. Je mélange toujours les couleurs. » Si la maille la fascine, c’est à la fois en tant que technique traditionnelle et parce qu’elle représente un merveilleux terrain de jeu pour l’innovation. « Ce qui m’intéresse c’est de décontextualiser la maille ou le crochet par exemple et d’en faire des vêtements d’extérieur, de sport, des manteaux… »
Luxe et passionnés
Le temps du Festival sans subventions a depuis longtemps disparu. Les groupes de luxe répondent tous présents, l’occasion pour les designers d’exprimer autrement leur créativité. Chanel ouvre les portes des Métiers d’art aux finalistes du concours Mode depuis 2019, Alix ainsi a pu travailler avec la Maison Lognon qui maîtrise l’alphabet du plissé. « Quand je suis arrivé avec mes panneaux de cravates, je me demandais ce qu’ils allaient en penser ! La Maison Loigon m’a reçu avec une grande curiosité, un vrai désir de s’adapter à ma matière première et de comprendre mon processus de création. » Lui qui n’avait jamais essayé les techniques du plissage a réussi en collaborant avec les équipes et de plissés en plissés à créer deux jupes et deux hauts avec la technique Fortuny et la technique petit accordéon. Antonia a exploré avec curiosité les Ateliers de Verneuil, spécialistes de la maroquinerie. Le résultat coloré fidèle aux inspirations d’Antonia se révèle un élégant assemblage de petite maroquinerie dont un porte-gourde. « C'était une collaboration très amusante. J'ai apporté mon esthétique, mes couleurs et certaines de mes techniques dans le monde très différent de la maroquinerie. J’ai vraiment aimé cette expérience et j’espère qu’eux aussi ! » Les finalistes du Prix Accessoires ont quant à eux découvert les ateliers Hermès afin de créer une ceinture, après le thème du bijou en 2020 et du gant en 2021. Joshua a emprunté la voie de l’univers équestre si cher à Hermès, le détournant à la sauce américaine par son aspect « gun holster » des cowboys et y a,ajouté son humour en dissimulant une cravache « plus proche d’un accessoire de mode avec un côté un peu kinky ou étrangement fétichiste…» Enfin, pour la première fois dans l’histoire du Festival, Bottega Veneta (Kering) offrira au lauréat du Grand Prix du jury Photographie l’opportunité de collaborer sur une campagne de la Maison. Matthieu Blazy, le directeur artistique, siège dans le jury aux côtés notamment de la photographe Carlijn Jacobs qu’Axel a déjà assistée par le passé.
Hyères et demain
À la veille de leur défilé, Alix résume « le plus grand prix du Festival de Hyères, c’est pouvoir recueillir une variété de regards et d’opinions de la part du Jury. C’est un immense privilège. » Encore félicitations et bonne chance aux Alumni Antonia, Alix, Axel et Joshua !
Suivez les finalistes Alumni IFM sur @villanoailles et rendez-vous dimanche 16 octobre pour connaître les noms des lauréats des nombreux prix du Festival de Hyères !
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