DOUBLE DAUPHIN, GUILLAUME & PIERRE EN MODE SYNCHRONISEE
En parallèle de leurs métiers respectifs dans l’univers du parfum, Guillaume Bret et Pierre Zissler ont créé leur marque Double Dauphin, en plein confinement. Un nom à l’humour évident pour un duo symphonique, passionné de mode, d’accessoires et de musique techno.
Habillé de noir, Pierre est le premier à arriver chez moi. À peine le temps de suspendre son trench mouillé que Guillaume, tout de blanc vêtu et bras nus sonne à la porte. Complémentaires par leurs tenues vestimentaires, ils ont la politesse des enfants sages, disent merci en même temps qu’on leur propose une bière ou un simple verre d’eau. Sur la table basse entre nous trônent leurs sacs, un noir et un blanc, à la forme étrangement identique à celle d’un gun holster. Guillaume et Pierre, un duo moins sage qu’il n’en a l’air.
Animal totem : dauphin
De quoi Double Dauphin est-il le nom ? Leur compte Instagram laisse planer le doute. Un manifeste énergique. Une modélisation 3D d’un monogramme suspendu. Des corps de jeunes gens dans une piscine municipale. Et puis au détour d’une image, pleins phares sur un sac porté crossbody sur un torse nu, une bague sur une main mystérieuse accrochée à un volant de voiture. Face à moi, Pierre et Guillaume portant des t-shirts estampillés de ce nom qui sonne de leur propre aveu « comme une blague. Il faut que ça reste léger presque burlesque. » Alors qu’ils présentaient à leurs ami·es leur premier prototype de sac, le nom dauphin s’est imposé un peu par jeu. « La définition de l’animal totem du dauphin représente bien notre état d’esprit. Ce côté épicurien, la joie de vivre, le partage, l’harmonie, une certaine symbiose… » explique Pierre. Un clin d’œil également à un kitsch vintage qui n’est pas pour leur déplaire. S’ils sont sérieux dans le développement de leurs premiers produits dont le sac Holster est la pièce principale, l’amusement se ressent jusque dans leur slogan : « Made to Rave, Made to Last » pour des produits qui traversent la nuit. Pierre : « Nous avons créé une marque qui célèbre le vivre-ensemble à un moment où se retrouver n’était plus possible. » Ces adeptes de free party doivent leur amitié à leur communion autour de la musique techno. Extravertis en soirées, intravertis sur les réseaux sociaux, ils ne sont pas à un paradoxe près.
« Double Dauphin requests »
Pour sortir, les garçons voulaient des petits sacs de soirée. Alors ils dessinent leur sac idéal à deux, sur Photoshop. « Nous aimons les designs très brutalistes, les formes franches, coupées, qui ont une modernité folle. Nous voulions une forme simple mais avec une singularité. Après les plans, nous avons testé sur des feuilles en papier la contenance du sac pour un portable, des clés… » Leur PDF prêt, ils « spament » plus d’une centaine d’usines avec leur mail « Double Dauphin requests ». Le Holster sera finalement fabriqué en Espagne grâce à un homme au prénom prophétique de… Jésus. En box calf, un cuir de veau très fin et très résistant, le Holster existe donc enfin en noir ou en blanc. « A la fois dans le récit de marque et dans les produits, nous aimons jouer sur cette idée de dualité. Pour le moment nous ne voulons pas explorer d’autres couleurs, ce n’est pas notre priorité » précise Guillaume. Pierre a choisi la matière en souvenir de son passage dans le sur-mesure chaussure chez John Lobb (groupe Hermès). Pensé dans les moindres détails, sa sangle s’ajuste et permet des portés différents. « Pour un côté « cowboy de la nuit ! » s’amuse Pierre. Leur monogramme composé de 2 D entrelacés - les initiales de la marque - est une « métaphore aux liens et aux connections, valeurs sur lesquelles le projet s’est construit. »
Plongée dans l’esprit Rave
« Le Holster est un hommage aux Pistos. Ces adeptes de soirée techno qui balancent leurs bras en l’air en imitant des pistolets avec leurs mains. » raconte Pierre. « Une danse mystérieuse et envoûtante, inspirée du voodoo, qui se dansait déjà dans des toutes premières raves technos. » Porter le Holster est à vos risques et périls, Guillaume reconnaît que les policiers le regardent toujours d’un air un peu étrange. Ces gentils bandits se déplacent en bande. Leurs ami·es sont au cœur de leur travail, de leurs sorties et de leur première campagne tournée dans une piscine municipale. Ils se sont entourés du réalisateur Andrei Proko , de la photographe Mariana Matamoros, photographe résidente à la Possession, et d’une bande de 17 jeunes pour la plupart rencontré·es en soirées. Entièrement autofinancé ce tournage se révèle éreintant mais à la hauteur de leurs espérances. Cette campagne est pensée comme un récit de marque, avec une esthétique inspirée du clip fantasy de DyE,à découvrir sur leur site sous le nom tout trouvé « aftermovie ». Une clé de compréhension supplémentaire pour les dauphins qui symbolisent ces ami·es évoluant en groupe et qui s’inspirent mutuellement.
« Work soul mate »
En 2017, Guillaume rencontre Pierre à l’Institut Français de la Mode en Mastère Management de la Mode et du Luxe. Également diplômé de Penninghen en direction artistique, il se souvient d’un professeur qui prédisait aux élèves qu’un jour dans leur carrière ils trouveraient leur « work soul mate. » Ce partenaire idéal s’appelle Pierre : « Nous sommes devenus meilleurs amis d’une manière évidente et très rapide. Nous avons commencé à sortir ensemble toute la semaine, tous les week-ends. A force de nous côtoyer, nous avons fini par réaliser que nos profils étaient vraiment complémentaires et que nous avions envie de monter un projet ensemble. » A la fin de leur stage et en parallèle de leurs métiers respectifs ils lancent leur projet entrepreneurial. Pierre souligne « travailler à côté permet de se nourrir énormément, de rencontrer des gens créatifs et talentueux. » Une manière pour eux de continuer leur apprentissage dans leur domaine respectif, le marketing pour Pierre chez Coty et la direction artistique pour Guillaume chez Parfums Christian Dior. Quant à la répartition des tâches pour Double Dauphin, Pierre insiste : « il y a une vraie synergie entre nous. On ne se marche pas sur les pieds. » Pour la création des produits et leur développement, les deux travaillent de concert. Guillaume d’ajouter : « Je vais avoir un input sur l’aspect esthétique, mais Pierre avec son background d’ingénieur mécanique va imaginer bien mieux que moi les volumes, la fonctionnalité de la boucle, la longueur de la sangle. Il a une compréhension des volumes impressionnante. »
Du plaisir, pas du stress
Le lancement de leur site est un secret qui s’échange de soirée en soirée et où on retrouve leurs premières pièces. Comptez 460 euros pour le Hoster, 140 euros pour la bague DD aux dauphins stylisés, 160 euros pour un hoodie et 70 euros pour un t-shirt. Pour le t-shirt, le patron initial est aujourd’hui retravaillé par Hakuyo Miya, un designer japonais qui fait du sur-mesure à Belleville. La matière est sourcée en Angleterre, un twill de coton 320 très épais, solide et chaud, utilisé autrefois pour les t-shirts de rugby pour ne pas être déchirés facilement. Ce coton biologique travaillé sur des métiers à tricoter anglais est ensuite confié à un atelier de confection tenu par 3 frères turcs. Un atelier découvert « au hasard en allant acheter un kebab un samedi matin » comme le raconte Pierre, situé à quelques numéros de l’appartement de Guillaume à Bagnolet.
« Nous ne sommes pas des designers de mode à la base et nous ne voulons pas être soumis à un calendrier des collections. C’est pourquoi nous voulons peu de produits et nous préférons nous définir comme une marque d’accessoires. Le plus important pour nous : que Double Dauphin reste une source de plaisir, pas de stress. » Guidés par leur instinct, ils rêvent de pouvoir développer prochainement une ceinture, un bracelet… et pourquoi pas un Double Holster pour pouvoir dégainer des deux côtés ! Bang bang.
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